Reconnaître la diversité parmi les travailleurs: les travailleurs migrants et TMS

Les travailleurs migrants sont plus exposés aux risques de sécurité et de santé liés au travail que les autres travailleurs en raison de la nature du travail qu'ils effectuent. C’est particulièrement vrai pour le risque de développer des troubles musculosquelettiques (TMS).

La Journée internationale des migrants, qui a eu lieu le 18 décembre 2021, constitue l'occasion idéale d'examiner comment les travailleurs migrants sont exposés aux risques de TMS et comment ces risques peuvent être maîtrisés.

Travail ‘3D’: sale, dangereux, exigeant (‘Dirty’, ‘Dangerous’, ‘Demanding’)

Les travailleurs migrants, ainsi que les femmes et les travailleurs LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués), constituent un groupe de population spécifique plus exposé à une série de risques liés au travail, dont le risque de TMS. Statistiquement, les travailleurs migrants disposent moins fréquemment d’une formation professionnelle, ce qui les rend plus susceptibles d'être occupés dans des secteurs nécessitant un travail physique.

40% des travailleurs migrants passent au moins un quart de leur journée de travail à déplacer des charges lourdes. Chez les travailleurs autochtones, ce chiffre est de 31%. En outre, 51% des travailleurs migrants travaillent au moins un quart de la journée dans des positions contraignantes et douloureuses. Chez les travailleurs autochtones, ce chiffre est de 43%. Tant le déplacement de charges que le travail dans des positions inconfortables provoquent des risques de TMS.

En tant que groupe de population, les travailleurs migrants sont plus susceptibles de se retrouver dans des emplois dits "3D". Il s’agit d’emplois sales (‘Dirty’), dangereux (‘Dangerous’) ou exigeants (‘Demanding’) ou une combinaison des trois. Par conséquent, ce groupe est exposé aux facteurs de risque liés aux TMS, tels que les vibrations ou les températures extrêmes, et est également plus susceptible d'être victime d'accidents du travail. Bien que les mauvaises conditions de travail exercent une pression sur le système musculosquelettique, les travailleurs migrants occupent souvent des emplois dits 3D parce qu'il n'y a pas de bonne alternative.

Mais au-delà du physique: facteurs de risque organisationnels et psychosociaux

Les facteurs physiques, tels que le soulèvement de charges lourdes ou les conditions de travail, ne sont pas les seuls à influencer la vulnérabilité des travailleurs migrants au développement ou à l'aggravation des TMS. Les travailleurs migrants sont également exposés à des facteurs de risque organisationnels et psychosociaux qui peuvent influencer la santé musculosquelettique.

Sur le plan organisationnel, les travailleurs migrants sont souvent soumis à des horaires de travail plus longs, à l'insécurité de l'emploi, au travail temporaire et à des salaires plus bas. Par conséquent, ils doivent rapidement cumuler plusieurs emplois pour pouvoir joindre les deux bouts. Ainsi, les travailleurs migrants sont obligés de passer plus de temps au travail. Ce qui les expose également à davantage de facteurs de risque liés aux TMS.

Comme ces travailleurs travaillent à l'étranger, ils sont souvent moins bien informés de leurs droits que les travailleurs actifs dans leur propre pays. Par conséquent, les problèmes de santé existants peuvent s'aggraver ou durer plus longtemps. En outre, en raison du statut des travailleurs migrants, il n'existe pas d'opportunités de carrière au sein de l'organisation et les possibilités de ces travailleurs de négocier avec l'employeur sont limitées. Ce qui prolonge la période pendant laquelle ces travailleurs restent dans la même fonction, augmentant encore le risque de développer des TMS.

Les travailleurs migrants sont également exposés à une série de facteurs de risque psychosociaux. Cela concerne notamment la discrimination, le harcèlement, l'intimidation ou l'obligation d’effectuer un travail temporaire et dangereux. Ces aspects accroissent le niveau de stress ressenti et exercent une pression sur le système musculosquelettique.

En outre, la connaissance de la culture et de la langue du pays d'accueil est généralement limitée, ce qui peut contribuer à un sentiment d'isolement et à divers problèmes de santé mentale. Ce qui augmente encore le risque de TMS.

Enfin, les travailleurs migrants ont un accès limité aux services essentiels, tels que les logements sociaux ou les prestataires de soins de santé.

Risques combinés: TMS et COVID-19

Les travailleurs migrants jouent souvent un rôle vital au sein de l'entreprise, parce qu’ils occupent des fonctions essentielles physiquement exigeantes et nécessitant des contacts avec les autres. Ils le font généralement dans des fonctions où le télétravail est difficile. Dans la période actuelle, cela les place dans la position inhabituelle d'être plus exposés à la fois aux facteurs de risque de TMS et au COVID-19. Un travailleur migrant sur quatre (28%) occupe une fonction présentant ce "risque combiné". Chez les travailleurs autochtones, cette proportion est d’un sur six (17%). En intégrant cette double charge dans une stratégie de prévention, les employeurs peuvent aider les travailleurs migrants sur deux fronts.

Quelle est la solution ?

Malgré les risques auxquels les travailleurs migrants sont confrontés, les entreprises peuvent prendre des mesures pour réduire le nombre de TMS dans ce groupe de population. La réalisation d'analyses des risques régulières et précises, tenant compte de la diversité des travailleurs, peut aider à se faire une idée globale du niveau de risque.

Il est également important d'adopter une approche démographique de la prévention en veillant à ce que les mesures de prévention soient adaptées aux travailleurs migrants et à ce que ces derniers soient représentés dans l'entreprise au sein des conseils d'entreprise et des organisations professionnelles.

Enfin, les entreprises peuvent sensibiliser leur personnel en lui fournissant des informations et des formations. De cette manière, les préjugés socioculturels peuvent être identifiés et éradiqués. Cela permet aux travailleurs migrants de mieux s'intégrer sur le lieu de travail et de réduire le nombre de facteurs de risque de TMS auxquels ils sont exposés.

Une stratégie de prévention ciblée des TMS tient compte de la diversité du personnel, en particulier lorsqu'il s'agit de travailleurs migrants. En reconnaissant ce groupe de population et en adaptant les mesures de prévention, les entreprises peuvent réduire le risque de TMS chez les travailleurs migrants.

Plus d’infos

Divers articles sur BeSWIC

Différents articles sur les travailleurs migrants et le thème de la diversité ont été récemment publiés sur ce site de BeSWIC. Vous en trouverez ci-après quelques exemples:

Des informations sont également disponibles dans la rubrique Politique du bien-être > Genre, ainsi que dans le thème Troubles musculo-squelettiques (TMS).

(Source: Healthy Workplaces Campaign News - décembre 2021: Recognising diversity among workers: Migrants and MSDs)